Notre société réserve trop souvent la sexualité aux corps jeunes de par les images d’érotisme qui sont véhiculées dans les médias. Avec notre nouvelle publicité qui fait un clin d’œil à la sexualité chez les personnes de 70 ans et plus, nous souhaitons lever le voile sur ce sujet encore tabou.
Discussion avec Jocelyne Robert, sexologue et auteure des livres Les femmes vintage et Vieillir avec panache, publiés aux Éditions de l’Homme, selon qui les mentalités changent et s’ouvrent, mais très lentement.
La sexualité : un sujet encore délicat
Selon Jocelyne Robert, la sexualité dans un contexte plus global est encore un sujet tabou. « Encore trop de gens ont un malaise à parler librement de sexualité au sein de leur couple ou avec leurs adolescents. Ce n’est ni naturel ni facile », exprime-t-elle. Alors, à partir du moment où la sexualité est un sujet sensible et inconfortable dès l’enfance, le tabou demeure et s’amplifie chez les personnes âgées.
« Nous vivons dans une société qui encourage un idéal de performance et de jeunesse éternelle. Le modèle est tellement fort qu’il renforce le tabou », explique-t-elle.
Pourtant, chaque être humain a besoin de plaire et d’être aimé tant et aussi longtemps qu’il est en vie. Ce besoin fondamental peut prendre la forme de besoins affectifs et aussi de besoins érotiques.
« Il faut s’enlever de la tête que le plaisir physique n’est pas noble. Tant que nous sommes vivants, nous avons le droit à tous les plaisirs de la vie, y compris le plaisir érotique et la sexualité », exprime la sexologue.
La sexualité, bon pour la santé!
Les études sont claires, la sexualité est très bénéfique, particulièrement chez les aînés. « Lorsqu’ils rencontrent quelqu’un et qu’ils retombent en amour ou qu’ils sont comblés avec leur partenaire de vie, on remarque qu’ils revivent, qu’ils ont besoin de moins de médicaments et qu’ils sont moins à risque de dépression », explique Jocelyne Robert. Les bienfaits physiques et psychoaffectifs de la sexualité, peu importe l’âge, ont été maintes fois démontrés.
« Pour un être humain plus âgé, qui ne correspond plus à l’idéal de beauté prôné par la société, le fait de se sentir désiré et choisi est très bénéfique pour l’estime de soi », témoigne la sexologue.
Comment briser le tabou de la sexualité chez les aînés?
Devant les manifestations sexuelles des personnes plus âgées, l’entourage a souvent tendance à ignorer, à faire diversion, à en rire ou pire, à faire des reproches. Si l'on souhaite démystifier la sexualité chez les aînés, il faut d’abord prendre conscience que ça nous dérange et faire un examen de conscience à savoir pourquoi.
Les personnes âgées méritent d’être traitées comme des êtres humains à part entière et de façon égalitaire. Le fait de prendre conscience qu’il y a bel et bien de l’âgisme peut faire partie de la solution, selon la sexologue.
Il ne faut pas être gêné ou avoir peur d’en parler, il faut mieux se renseigner et lire sur la question pour réaliser que la sexualité des aînés est tout à fait saine et naturelle. Il y a encore trop d’ignorance en lien avec le sujet, selon Jocelyne Robert.
D’ailleurs, les plus jeunes font partie de la solution. « Il faut qu’ils réalisent que nous allons tous vieillir, un jour ou l’autre, et que nous sommes tous concernés », exprime-t-elle.
Explorer la sexualité autrement
Ce n’est pas parce que la sexualité se transforme avec l’âge qu’elle n’existe plus. La sexualité va bien au-delà du coït et de l’érection, exprime Jocelyne Robert. L’homme peut avoir des difficultés érectiles et avoir une sexualité quand même. En vieillissant, il faut être ouvert à explorer d’autres sphères et à laisser de côté la performance pour s’abandonner au plaisir et à la relaxation que cela procure. Le plaisir érotique mérite qu’on lui accorde autant de valeur qu’aux autres plaisirs de la vie, comme le plaisir de bien manger par exemple.
Si l'on n’a pas de partenaire, il faut s’autoriser à se faire plaisir soi-même si on en ressent l’envie, conseille la sexologue.
Une question s’impose : est-ce que j’ai choisi de ne plus avoir de sexualité ou est-ce quelque chose qu’on m’a imposé?
À partir d’un certain âge, les personnes qui ont une vie sexuelle active ont souvent peur du jugement. Mais, sachez que si vous éprouvez encore du désir sexuel à 70 ou 80 ans, vous n’êtes pas anormaux, conclut Mme Robert.
Madame Robert est sexologue, « sexosophe », conférencière et autrice. Pour en savoir plus sur ses écrits, veuillez visiter son site Web.